La galerie présente la seconde exposition en ses murs de l’artiste français Etienne Pottier (né en 1983), intitulée « Les Derniers Jours de Pompéi » en référence, non pas au roman ou ses interprétations cinématographiques, mais à un morceau sur une mixtape de rap français (Phonographe, 1999), dans laquelle on peut entendre : “Dans ta tête, c’est les derniers jours de Pompéi, les derniers jours arrivent, à ce qu’on dit bientôt, celui de mon pays”. Il sera ainsi question, dans cette nouvelle exposition personnelle, de collapsologie et d’apocalypse, où Pompéi se dresse en figure de proue, bien qu’ensevelie sous une pluie de cendres et de pierres ponces.
🔊 Entretien audio de 23min avec Etienne Pottier sur France Fine Art à l’occasion de cette nouvelle exposition (6 mai 2021).
👁 Entretien vidéo de 12min avec Etienne Pottier sur Our Choices réalisé à son atelier (avril 2021).
Etienne Pottier vit et travaille à Paris. Il sort diplômé de l’ENSAD (Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs) en 2009. Après un début de carrière dans le roman graphique puis un long passage par la photographie, il ressent le besoin de revenir au dessin et monte un atelier de gravure. La céramique ne lui est pas complètement étrangère lorsqu’il achète son premier four en 2015 : il s’adonne depuis lors rageusement à cette pratique. Pottier se souvient d’ailleurs que dès l’école primaire, il était inscrit à un atelier de céramique et modelait déjà des crânes.
Diverses périodes de sa vie passées au sein de milieux marginaux (free-parties, motards), ainsi que certains artistes, l’ont progressivement guidé vers ce qu’il crée aujourd’hui. Le genre musical du heavy metal, et l’esthétique qui lui est associée, est une source indéniable d’inspiration dans son travail. Propulsé dans cet univers très jeune via son grand frère, Etienne Pottier s’est imprégné de mille sons, voix gutturales, histoires et images, plutôt violentes quoiqu’aussi empreintes de poésie et de spiritualité. Les romans graphiques de Blutch et d’Aristophane (édition L’Association) ont également été une source d’inspiration majeure. Pottier cite aujourd’hui les photographes Peter Beard et Eugène Smith, tout autant que Dürer, Le Greco, ou Munch : des artistes qui se rejoignent dans un expressionnisme exacerbé, laissant s’exprimer le mouvement, l’émotion, la vie, la mort.
Parmi les nouvelles séries d’Etienne Pottier, on retrouve des transferts photographiques sur céramique, symbiose de deux pratiques qui lui sont chères. La femme est un sujet fréquent dans son travail : il s’en fait l’image d’une icône lascive noyée dans la végétation. Entre érotisme vulgaire et décor foisonnant, il crée sa nouvelle Eve des temps modernes, libre, fière et puissante. Le travail de Pottier est à la fois flamboyant et perturbant : l’émail rouge ou bleu vif de ses sculptures leur confère un aspect surréaliste et mystique. Il les conçoit d’ailleurs comme des totems. L’accrochage de l’exposition suivra ce modèle, l’artiste aspirant à revenir à une présentation plus “paganique” de ses œuvres, sous forme d’installation faisant dialoguer ses séries, afin qu’ensemble, elles ne forment qu’une seule et même divinité dotée de multiples attributs, qui s’élève de ses murs de céramique, comparables aux murs de son que Pottier créait lors d’immenses raves dans la forêt dans sa jeunesse. Peut-être cherche—il aussi à recréer cette sensation de plénitude intense : ses serpents, ses végétaux et ses totems païens nous enveloppent comme les basses peuvent faire vibrer notre corps.
C’est un véritable souffle vital que véhiculent les oeuvres de Pottier, comme un creuset de vie, d’émotions et de sensations. Ainsi que le disait Gauguin : “Je cherche le caractère dans chaque matière. Or le caractère de la céramique grès est le sentiment du grand feu”. C’est précisément ce grand feu qui sera présenté dans l’exposition personnelle d’Etienne Pottier, dont les nouvelles séries d’oeuvres en céramique seront complétées d’un ensemble de peintures sur papier.