La ville de Grande-Synthe accueille du 4 au 9 mars le duo normand de Murmure Street. Simon Roché et Paul Ressencourt, qui ont déjà œuvré sur des murs de Vladivostok, Tokyo, Rotterdam ou la Martinique, réalisent une fresque sur un pignon de maison de la rue des Peupliers, dans le quartier de l’Albeck.
Murmure Street est suivi par plusieurs galeries à Paris, Tokyo et Chicago. La fresque de Grande-Synthe est la reproduction XXL d’un tableau présenté début mars lors d’une exposition collective à Chicago, au format 60 x 60 cm. Son titre : Red flag, « drapeau rouge » en français. Elle est un clin d’œil au drapeau du premier trou d’un parcours de golf imaginaire, sur une banquise en train de fondre, et à l’urgence de changer nos modes de vie pour freiner le réchauffement climatique. œuvre réalisée en partenariat avec le bailleur Flandre Opale Habitat.
« On n ‘est pas des activistes écologiques mais notre volonté est de porter des problèmes qui nous travaillent, nous émeuvent, comme ici le réchauffement climatique, ou la pollution par les plastiques. Nous souhaitons intervenir là où les gens se sentent hélas loin ou peu concernés, peu acteurs. Notre volonté est de produire un art accessible, qui dit quelque chose, poétique. Alors oui, on est ici à notre place. »
Les peintures utilisées résistent au temps et aux intempéries. « Les pigments tiendront bien, même si on est sur une façade exposée sud », assure le duo.
En complément de cette résidence, Murmure Street reviendra pour présenter à la Galerie Robespierre l’exposition “Saturation”, du 23 mars au 18 avril. Elle s’articule autour de deux séries, Garb-age et Background ; la première en noir et blanc autour de l’accumulation de déchets et l’autre, très colorée, à partir de supports recyclés détournés pour en faire des paysages figuratifs puissants.
Fresque murale rue des Peupliers, en cours de réalisation jusqu’au samedi 9 mars inclus, matin et après-midi. Exposition “Saturation”, du 23 mars au 18 avril à la Galerie Robespierre, place de l’Europe. Vernissage vendredi 22 mars à 18h30. Rencontre avec les artistes samedi 23 mars à 14h30.
Artists Paul Ressencourt and Simon Roche, a.k.a. Murmure (previously), have worked collaboratively for the past twelve years to synthesize a studio-based practice with large-scale street art. In high-contrast acrylic paintings, the duo reference the climate crisis and enduring problems of overconsumption, especially regarding the immense impact that humans have on marine life and rising sea levels. The artists’ new exhibition Jusqu’ici tout va bien, which translates to “So far so good,” approaches environmental catastrophes like thawing glaciers and overfishing from a characteristically sardonic perspective.
Ressencourt and Roche focus on the absurdity of capitalist systems in the face of destruction. Paradoxes abound as surveyors plot developments on a melting ice sheet, supine whales are served up as giant sushi rolls, and oblivious holiday-makers dive from icebergs and wade around shorelines devoid of flora and fauna. “In spite of everything, Murmure favors in their art a form of beauty which contrasts with the cruelty, the stupidity, and the urgency of the situations depicted in their works,” the exhibition statement explains.
Jusqu’ici tout va bien is on view at Galerie LJ in Paris through November 26. You can find more of Murmure’s work on their website and Instagram.
“Whale Sushi” (2022), acrylic on canvas
“Jusqu’ici tout va bien (Banquise)” or “So far so good (Ice)” (2022), acrylic on canvas
“Joyau” (2022)
Detail of “Joyau (Jewel)” (2022), acrylic on canvas
“Whale Maki” (2022), acrylic on canvas
“Marquages (Markings)” (2022), acrylic on canvas
Left: Detail of “Whale Sushi.” Right: Detail of “Joyau”
Detail of “Faille”
Detail of “Joyau”
Detail of “Jusqu’ici tout va bien (Grande Banquise)”
Le duo d’artistes Paul Ressencourt et Simon Roche parle aux murs comme personne et crée à quatre mains des scènes pleines de poésie et de sens dans la rue.
Pouvez-vous présenter votre parcours ?
Nous nous sommes rencontrés aux Beaux-Arts en 2006. Simon avait déjà de très bonnes bases en dessin ; quant à moi (Paul), j’avais plus de facilités dans les compositions. Nous étions complémentaires : c’est ce qui nous permet de collaborer encore aujourd’hui.
Votre style pictural a-t-il évolué depuis les Beaux-Arts ?
Notre style pictural a constamment évolué et, plus particulièrement, il y a trois ans. Auparavant, nous réalisions directement nos dessins pour la rue. Désormais, nous procédons à un travail de recherche en intérieur et ensuite créons nos dessins pour l’espace urbain. Enfin, nous avons évolué quant à la recherche de sens dans notre travail : notamment avec notre projet “Cueillette” qui représente deux personnes vêtues de combinaisons chimiques : vision contrebalancée par la fleur enfantine qu’elles cueillent. Nous avons alors amorcé un véritable virage. Nous travaillions jusqu’ici à la pierre noire, à l’encre de Chine et en noir et blanc. Nous avons ensuite introduit la peinture, les crayons de couleur et d’autres matières et textures que nous avons mélangées.
Quels messages souhaitez-vous véhiculer au travers de vos dessins ?
Nous traitons de l’écologie au même titre que nous pouvons traiter du consumérisme. De manière générale, nous souhaitons aborder des problèmes sociétaux, des absurdités que nous constatons. Nous ne tenons pas à réaliser un travail purement esthétique. Nous souhaitons que l’œuvre en elle-même mais également l’environnement urbain dans laquelle on la place, aient un sens. Nous envisageons notre travail d’artistes comme étant un travail de mise en exergue des problèmes sociétaux et ce, de manière onirique et poétique. Nous recherchons ainsi le juste équilibre entre sens, esthétique et singularité.
Quelles sont vos inspirations ?
Ces dernières années, nous avons été influencés par le travail de Pejac, le premier artiste à avoir fait du street art “écolo engagé” sans tomber dans le pathos. Mais initialement, nous sommes tous les deux tout particulièrement influencés par Ernest Pignon-Ernest. Il nous a fait comprendre l’importance du sujet d’une œuvre et le choix de son emplacement dans la rue : de manière générale, il nous a fait comprendre la justification de l’œuvre dans la rue.
Vous définissez-vous comme street artistes ? Et pour quelles raisons ?
Nous nous définissons comme street artistes : nous ne ressentons pas le besoin de se dire artistes contemporains. Toutes nos recherches actuelles, nous les pensons en tant que street artistes. Nous réfléchissons beaucoup à l’art à destination d’un public profane. Nous trouvons l’art contemporain très élitiste, presque inaccessible, fait “de références à des références de références”. Depuis le début, nous tentons d’offrir une esthétique élégante malgré les sujets traités tels que le sac poubelle. Nous ne souhaitions pas présenter un art qui constituerait une abstraction mentale, peu naturelle. C’est en cela que nous nous définissons comme street artistes, en proposant un art plus accessible sans être bête mais qui ne va pas piocher dans les tréfonds des archives de l’histoire de l’art. Le deuxième axe qui nous intéresse dans le street art est la réalité des “backgrounds” qu’on trouve naturellement dans la rue. Tout devient partie intégrante de l’œuvre : le passant qui déchire le collage, le passant qui s’arrête pour regarder le collage, les aléas climatiques qui peuvent parfaire l’œuvre, le recul qu’un passant peut avoir par rapport à une œuvre dans une rue étroite. Tous nos collages sont tirés de dessins que nous réalisons à l’échelle 1 – il ne s’agit pas d’agrandissement de petits formats : l’espace d’accueil présente donc un impact réel sur notre travail. Nous utilisons également la texture d’un spot afin que les grains du mur deviennent les grains d’une peau ou les craquelures des rides. D’ailleurs, si nous ne travaillons pas à la bombe, c’est parce que celle-ci donne un rendu trop lisse ; or, nous préférons des textures plus intéressantes sur lesquelles nous utilisons la peinture à la brosse par exemple.
Pouvez-vous nous décrire votre façon de travailler “à quatre mains” ?
Nous faisons tout tous les deux. Simon travaille plutôt le dessin de contour et moi (Paul) le dessin de masse qui s’attache au volume et à la texture. Nous nous remettons constamment en question. C’est dans la discussion et dans la réalisation à quatre mains qu’on arrive au résultat final. L’œuvre n’est finie que lorsque nous sommes satisfaits l’un et l’autre.
Pouvez-vous nous dévoiler vos futurs projets ?
Nous venons de terminer l’exposition “GARB-AGE”, notre premier solo show sur les conséquences écologiques de l’usage du sac poubelle : nous souhaiterions d’ailleurs placer une œuvre représentant une queue de baleine en sac poubelle dans un endroit faisant face à la mer pour y permettre des reflets. Nous sommes désormais représentés par deux galeries, une parisienne et une basée à Los Angeles qui travaillent ensemble mais présentent des cultures différentes. Enfin, nous collaborons avec la société d’édition “Graffiti Prints”. Nous sommes en effet tous deux passionnés par la lithographie et nous souhaitons réaliser une œuvre représentant un océan de sacs poubelles via le print.
Les artistes français Paul Ressencourt et Simon Roche, plus connus sous le nom du duo Murmure, proposent une nouvelle série d’œuvres autour du sac poubelle intitulée “Garb-age” et explore ainsi l’impact de l’homme sur son environnement.
Le duo français imagine des créations en noir et blanc en jouant avec le reflet de la lumière sur le plastique des sacs poubelles qui se voient déclinés sous différentes formes le temps d’une série de dessins et fresques murales. Cet objet du quotidien est détourné pour se transformer en baleine ou en oiseaux, habiller le visage de deux amoureux ou faire office de fond marin. Les deux artistes confiaient à Juxtapoz : “L’idée principale était de jouer avec les couleurs d’un sac poubelle noir ordinaire autant que possible. Non seulement pour son attrait dramatique, mais aussi pour la profondeur des nuances et, en quelque sorte, l’élégance de sa texture et sa réaction à la lumière.”
À travers ce projet, Paul Ressencourt et Simon Roche souhaitent mettre en lumière la crise environnementale que nous connaissons et notamment la responsabilité de l’homme sur ces dérèglements climatiques. “Chaque œuvre est une image forte reflétant les choix auxquels tout le monde est confronté quotidiennement, entre notre connaissance des enjeux et les actions que nous pourrions faire mais ne faisons pas” partage le duo.
Le projet “Garb-age” de Murmure est actuellement présenté à la Galerie LJ de Paris qui propose une visite virtuelle de l’exposition sur son Instagram étant donné la fermeture de l’établissement suite à l’épidémie de coronavirus.
In their latest show now open at Galerie LJ in Paris, French street art duo Mumureuses black garbage bags as a medium to illustrate waste’s impact on the environment. Garbage birds flying south, an oil rig in an inky sea, and a trashbag lovers’ embrace are just a few of the powerful images forwarning a threatening dark future. We spoke to Murmure ahead of the show and learned more about their project as they traverse Europe, from Vladivostok and Rotterdam, and back to Paris.
Sasha Bogojev: What draws you to almost exclusively black and white imagery? Murmure: For this project, the main idea was to play with the colors of a regular black garbage bag as much as possible. Not only for dramatic appeal, but also for the depth of shades and, somehow, the elegance of its texture and reaction to light. That’s why we use graphite pencil, to achieve this texture. Black and white drawings allow, in a way, going straight to the point, to focus on the drawing for what it is, without any artifice. We use tiny touches of color–mostly red–as the red ‘thread’ of the garbage bag’s handle and a narrative ‘thread’ (it’s a word game in French, “le fil rouge”, literally translated as “red thread.” In English, it’s an expression that means “general subject matter”).
How do you feel about your work being compared to names like Banksy and Pejac, to name a couple? Well, it is flattering, for sure. We do not wish to do street art just to bring illustration or graphics to the street. We want to work on subjects that matter to us, to bring something personal and share our vision, as artists, of the world around us. In that sense, we like the work of artists such as Banksy or Pejac, but also many others, such as Ernest Pignon-Ernest.
What type of work have you prepared for this presentation and what techniques are employed? We are showcasing a year of work on the subject Garbage, which we spell “Garb-age,” as in, the rise of a new era. For this exhibition, we present this theme in its full extent, from nature and its various elements, to man, flora and fauna. We made about 20 drawings on paper, ranging from medium size (50 x 70 cm for the smallest) to large scale (up to 210 x 270 cm for Mauvaises Graines/Bad Seeds, or 135 x 210 cm for Garbage Whale Tail). The main medium used is a graphite pencil on paper, a bit of colored pencil and acrylic painting for the touches of color. The whole idea of this show is to warn of the current state of our planet, due to a dramatic spiral of over-consumerism. The garbage bags become birds, whale or oil spills, all symbols of a planet reaching an era of unreason.
Did you create an installation for the exhibition, or simply introduce the studio works in a “white cube” space? The exhibition at Galerie LJ showcases studio work but also highlights work made for the street. We present life-size drawings so visitors can understand the link between our vision of studio work and street art. We are also giving away a newspaper we made as a catalog for each work in Garb-age, showing all the means of expression used this past year (studio, paste-ups, murals and screen prints). This publication, like a fanzine, was made with recycled paper and is a statement for action on this ecological emergency.
What emotions do you hope to evoke from the viewer? The main goal of this exhibition is to show how art, and how street art can be singular, meaningful, and personal. We hope visitors will appreciate the technique used, but also the poetry and elegance we attempt to convey through pictures and narratives. To us, Garb-age is a meaningful project that allows us to raise awareness of important environmental issues. We hope visitors understand our message, but again, everyone is free to interpret our work the way they see it. Some of the work can be “shocking” at first sight, but each is, in our opinion, a powerful image reflecting the choices everyone faces daily, between our knowledge of the issues at stake and what we can do about them but don’t. We would love it if visitors could pass this first impression and understand there’s hope behind every picture created.
Murmure’s Garb-age is on view at Galerie LJ through April 18, 2020.
Email hello@galerielj.com
Tel +33 (0) 1 72 38 44 47 Adresse
32 bd du Général Jean Simon
75013 Paris, France
M(14) BNF
T(3a) Avenue de France Horaires d'ouverture
Du mardi au samedi
De 11h à 19h