[14/03 – 02/05/15] ALLYSON MELLBERG “THE PLANET OF DOUBT”

 

A l’occasion du mois du dessin à Paris, la Galerie LJ présente le 3e solo show en ses murs de l’artiste américaine Allyson Mellberg, “The Planet of Doubt”, du 14 mars au 2 mai 2015, avec plus d’une quarantaine de nouveaux dessins.

Dans les dessins d’Allyson, la nature reprend possession de l’Homme, dans un style “post-Louise Bourgeois/Kiki Smith pré-futuriste néo-biologique”.
Le titre de l’exposition provient d’une nouvelle de science-fiction des années 30 de Stanley Weinbaum – la précédente exposition d’Allyson, “The Lotus Eaters”, ainsi que sa peinture “Parasite Planet”, étaient également inspirées des nouvelles de Weinbaum. En effet le travail de Weinbaum a considérablement influencé Allyson depuis les cinq dernières années. La nouvelle en question se déroule sur une planète recouverte de brouillard et explorée par les deux personnages récurrents de l’auteur (un couple marié), tandis que la visibilité y est réduite. Les protagonistes se retrouvent assez rapidement à devoir résoudre des problématiques d’isolation, peur de l’inconnu, peur de rester emprisonnés sur le lieu, difficulté d’interprétation de l’environnement ou de faire confiance à leurs sens. Pour Allyson, cette histoire est une intéressante métaphore sur la difficulté de gérer la maladie et l’anxiété chroniques.
Personnellement touchée par des problèmes de maladies dans son entourage proche, Allyson a aussi commencé à réfléchir aux notions de guérison et de spiritualité, particulièrement avec l’invention de rituels personnels et de communion avec la nature, plutôt qu’une spiritualité organisée par la religion. Notamment les coquillages (comme les berniques), les oursins, les champignons ou le corail, que l’on retrouve souvent dans son travail, représentent pour l’artiste la tranquillité et la méditation. Ils expriment l’idée qu’on puisse être entièrement recouvert, immergé dans et par un environnement, et être resté statique aussi longtemps pour que ces éléments aient fini par nous pousser dessus, une idée qui traduit la beauté de ne faire plus qu’un avec la nature, aussi profondément, et paradoxalement l’anxiété d’être totalement emprisonné ainsi. Ce qui donne aussi à ses personnages la capacité de se camoufler et de devenir en retour observateur de la nature.
Ce sentiment mitigé, du confort d’être caché et de l’inconfort de la suffocation, se développe en parallèle de l’intérêt qu’Allyson voue également au beau par opposition au grotesque. C’est ce que l’on retrouve notamment dans les images représentant des masses grises et brunes, à la fois très lourdes et éphémères, mi nuage de brouillard, mi roche ou amas de saleté (les masses brunes rappelant le compost). Ainsi ses personnages donnent parfois le sentiment d’être entourés d’une masse translucide ou d’un poids oppressant et lourd : cette dualité questionne la perspective du spectateur.
L’approche d’Allyson dans son travail a toujours été méditative : elle ne prévoit pas ce qu’elle va dessiner à l’avance mais uniquement ses sessions de travail, ce qui en ressort est donc totalement spontané, au moment et à l’endroit où cela est produit. Avec cette sorte de discipline elle tente de canaliser un climat de paix et de guérison. Ses personnages paraissent ainsi androgynes parce que son désir de paix, de guérison et de connexion avec la nature, n’est pas spécifiquement genré.

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