Jeffrey Deitch’s 76 Grand Street outpost in New York City is currently hosting a most dynamic exhibition by the famed interdisciplinary artist, Swoon. Entitled “Cicada,” the exhibition features a series of recent animations, drawings, and surrealist installations that are an extension of her wheat-pasted portraits made using found objects. The works on display draw inspiration from her personal experience, classical mythologies, and the craftsmanship of 20th-century folkloric films.
“Swoon’s response to parts of her family history – and the legacy of her parents’ addiction and substance abuse – has recurred throughout her work,” expressed the gallery in a statement. These components inflict a strong element of realism to the films, grounding the otherwise- whimsical atmospheres of Cicada.”
Check out the installation views of “Swoon: Cicada” above and then visit Jeffrey Deitch’s website to learn more. The show is on view until February 1, 2020.
Mine de rien, ça lui plaît de tromper son petit monde avec ses animaux venus du fond des âges à moins que, au contraire, ils aient déjà muté et appartiennent à notre futur. Ça lui plaît aussi de présenter des bronzes qui ont un aspect de bois flotté à moins que ce ne soit l’inverse. Le visiteur s’y perd et lui s’amuse. Quentin Garel travaille sur le monde animal depuis vingt ans déjà. Vingt ans qu’il a ouvert son regard sur la beauté animale et sur sa diversité. Et pourtant il n’est ni sculpteur animalier ni militant de la cause animale. Il est dans un autre registre, il témoigne, il interroge, il met en scène pour mieux interpeller… et observe les réactions du public de son œil malicieux. Cela se passe à Saint-Pierre-de-Varengeville en Seine-Maritime. A partir d’une approche « scientifique » tel un archéologue, il étudie la morphologie des animaux, leurs ossements en se documentant notamment dans les musées d’archéologie ou d’histoire naturelle. Le rendu final est réaliste, les proportions sont respectées et le visiteur arrive à les associer aux animaux. Sauf que, à la manière d’une anamorphose, ils sont légèrement déformés, un brun monstrueux et n’ont jamais vraiment existé. L’artiste va accentuer un détail de l’animal pour le rendre extra-ordinaire. Il va même jusqu’à leur donner des noms à résonance latine pour aller au bout de l’illusion d’une supposée découverte archéologique : « Vertebrata » « Gigantodobemus ».
En même temps qu’il donne à voir ces crânes ou squelettes d’animaux, il nous questionne nous les humains, sur nos propres travers et nos vanités. Son approche anatomique presque académique atteste d’une connaissance maîtrisée des morphologies qui lui permet justement de mieux s’en éloigner. Et c’est là qu’intervient le geste de l’artiste notamment avec son travail sur les trophées. Les animaux sont présentés comme des trophées de chasse mais nous sommes dans le détournement et dans l’inversion des rôles. Ils ne sont pas des trophées et au contraire, ce sont eux qui semblent plutôt nous fixer et nous interroger du fond des âges. Ces animaux sont-ils nos contemporains ou des témoignages d’un lointain passé ou d’un futur proche ? C’est là que l’artiste vient brouiller les cartes. Il interroge ainsi à la fois notre rapport au temps et questionne notre identité. Qui est l’homme et qui est l’animal ?
La mise en scène du centre d’art a pris le parti de présenter les sculptures en correspondance avec les immenses dessins qui servent de phase préparatoire à la réalisation des sculptures. Car Quentin Garel -Prix de dessin de l’académie des Beaux-Arts en 1995 et 2003- excelle autant dans le dessin que dans la sculpture. Réalisés au fusain, sortes de «palimpsestes» géants, ils sont eux mêmes enchevêtrements d’études et superpositions de formes animales qui viennent encore ajouter à la richesse du propos. Des études préparatoires qui sont des œuvres à part entière, de par leur format -qui peut aller jusqu’à 11 mètres de long- et de par la fascinante précision du trait ou encore l’harmonie d’une vraie composition qui se dégage de l’ensemble .
Dans son travail de sculpteur, il brûle le bois, il le sable, pour recréer la peau de l’animal, instaurant un jeu subtil entre le sujet, l’animal et la matière des matériaux utilisés. Puis dans un deuxième temps, il fait réaliser à partir des oeuvres « originales » en bois, des bronzes qui sont travaillés de telle manière que seul le toucher permet de faire la différence entre le travail du bois et celui du métal. Quentin Garel est aussi un illusionniste.
Avec le centre d’art de Saint Pierre de Varengeville et Quentin Garel, l’histoire avait commencé dès les débuts de la création du Centre avec l’acquisition du Grand Masque de gorille III en bronze qui a pris place dans le jardin. C’est aussi une histoire de famille aussi avec l’achat du « Panthéon de l’art » de Philippe Garel (le père) présenté dans le superbe sous-sol voûté du château qui fait office de sanctuaire.
Cette rétrospective de 20 années consacrées au travail sur les animaux est pour l’artiste comme une consécration et peut-être aussi l’occasion de tourner la page et de passer à un autre sujet qui pourrait peut être, être un travail sur nous, les humains : « Ça me taraude depuis quelques années. Je m’étais interdit de toucher à la figure humaine à cause de mon père, mais je pense que j’y viens, à 40 ans passés ! »
Marie-Pierre Sensey
Quentin Garel est diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (1998) et a été résident de la Casa Velazquez de Madrid promotion (1998-1999)
“People tend to associate femininity with things which are beautiful but passive, vulnerable, and weak. I strive to break the stereotype of how women are often portrayed in art – either as muses or for their aesthetic qualities. I would like my work to open up a discussion about how women are viewed within society and the role that they are often forced to play. ” – Rithika Merchant
To ponder over Rithika Merchant’s richly detailed paintings is to go down a rabbit hole. Hybrid creatures—half-human, half-animal—totemic iconography and botanical imagery populate the strange and fantastical worlds that she dreams up. Working out of her studio in Barcelona, she employs the gauche and ink technique on stained paper to achieve desaturated or muted colours that lend each of her creations an ethereal, almost otherworldly quality.
Aside from drawing from her personal visual vocabulary, she references myths and epics to navigate the universal themes in mythology and folklore and their degree of similarity around the world. It’s what she likes to call her very own “mosaics of myths”. Her exploration of the cross-cultural parallel between myths, she says, is the result of the combination of having lived in various parts of the world. Merchant grew up in Mumbai, studied Fine Art at Parsons The New School for Design, New York, and at Hellenic International Studies in The Arts, Paros, Greece, and eventually settled in Europe.
As much as her body of work comes from an immensely personal place, it is simultaneously relatable, no matter which country or culture the viewer may come from. As an example, her series “Voyager” deals with the profound effect and sense of helplessness she felt watching the European refugee crisis unfold right on her doorstep. For the Barcelona-based visual artist, the idea of water and migration are inseparable. “The mass displacement of people, forced migration, and the dislocation and exile of many groups of people all over the world are very troubling to me. Being confronted with the ‘Shame Counter’ daily is a reminder of scale and horrors of this crisis. The digital counter was installed by the mayor of Barcelona and displays the number of known victims who drowned in the Mediterranean in real time. This body of work comes from my own feelings generated by seeing the contrast between my life in this city and what this counter represents,” she says.
Merchant, whose work has been showcased at galleries in Paris, Madrid, New York and Lisbon, is in the process of working on a series for a solo show at Galerie LJ in Paris. Notably, she’s one of the rare visual artists who has enjoyed free reign working with a luxury fashion brand. We had the chance to catch up with this fascinating artist, whose works are on show at TARQ in Mumbai at an ongoing group exhibition titled Osmosis. Excerpts from the interview…
Design Pataki: How did your interest in incorporating ideas drawn from myth emerge in your work?
Rithika Merchant: My interest in myths began when I read Joseph Campbell’s Hero With a Thousand Faces. The book really opened my eyes to the universality of the human experience and how it informed many myths. I have always been very interested in narratives, myths and received histories that are available to us. I am also interested in how these different fragments are ‘woven’ together to from a complete image. Most cultures use imagery to tell stories and represent ideas. I try to use these ancient means of storytelling in a more contemporary context.
DP: What is your process of drawing upon the past to paint a contemporary narrative?
RM:I spend a lot of my time reading and researching ideas I have, or subjects that I am interested in. I will often read something and have a very vivid image in my mind. Sometimes it’s just a flash, and manifesting these ideas comes naturally. I have my own lexicon of symbols and creatures that I use in my work and so I use these along with certain myths as a vehicle to help me as I visualise these ideas and tell stories.
DP: Your thoughts on the way myth and identity inform each other?
RM: In the past, art and stories were often a way to make sense of natural phenomena and psychological events. In modern times and for the foreseeable future, science gives us a complete explanation for most things. However, it places humans as part of a greater scheme rather than the centre of our own narrative. As much as science gives a more accurate description of humanity it takes away the spiritual power given to every human to understand their own destiny. Myth making brings humanity back to the centre of concern.
DP: Is there a mythological figure that you connect with on a personal level?
RM: The 3 legged Raven. This creature inhabits and represents the sun. It is also seen as an animal which inhabits the realm between life and death. This creature speaks to me because the Raven is a symbol of the light and the dark— the duality that inhabits us all.
DP: Feminine entities and symbolism are central to much of your work. What do you hope viewers take away from your work in this regard?
RM: I consider myself a feminist, so I think my work, in general, is quite tinged with these ideals. I am very interested in women’s issues and their place and portrayal within history, myth and folklore.
Some of my work in the show at TARQ also explores feminine identity and the power of women. People tend to associate femininity with things which are beautiful but passive, vulnerable and weak. I attempt to use a variety of feminine symbols to re-contextualize this and present a more rounded idea of femininity. Women can be strong/destructive/beautiful/vulnerable/powerful.
I strive to break the stereotype of how women are often portrayed in art—either as muses or for their aesthetic qualities. I would like my work to open up a discussion about how women are viewed within society and the role that they are often forced to play.
DP: You have enjoyed a continued collaborative relationship with Chloé since 2018, most recently for a capsule collection centered around the Chinese Year of the Pig. Are you always given free rein when it comes to commissioned work?
RM: The prints I worked on for this collection are filled with lots of esoteric and spiritual symbols and botanical imagery, similar to my previous work for them. However, the prints are much more graphic and bold than the work I typically make. The team at Chloé usually gives me a fairly broad brief and then I usually come back to them with a sketch that we fine tune. Natacha (Ramsay-Levi) and the team have been very open and receptive to my ideas, so it’s been quite easy to reach a final product that everyone is happy with.
Toujours engagée, l’américaine, élabore des œuvres à partir de matériaux fragiles, soudées entre elles par les rencontres. Un art de la résilience au service d’une intelligence collective, qui s’expose actuellement à Paris.
Elle a ce côté un peu stellaire. Swoon entretient une filiation quasi spirituelle avec les forces de la nature, et l’eau en particulier. Celle qui a grandi en Floride, entre marécages et mangroves, vécu un temps sur des radeaux de fortune et accosté au Brooklyn Museum en 2014 avec son exposition Submerged Motherlands, était peut-être prédestinée à investir le nouveau centre d’art flottant qui vient d’ouvrir à Paris. Dans la cale de Fluctuart, on longe les murs de son installation comme les berges d’un fleuve, afin de mieux comprendre les racines de cette plasticienne philanthrope, seule femme à figurer au palmarès des dix plus grands street artistes mondiaux.
Converser avec le chaos urbain
Imaginée à partir des vestiges de sa précédente rétrospective au Musée de Cincinnati en 2017, Time Capsuleest donc, comme l’indique le titre, une machine à remonter le temps. Un palimpseste de dessins en linogravures, portes vétustes et linteaux de bois qui retrace les quinze premières années de sa carrière, indissociables des rencontres qui l’ont jalonnées. Parmi les silhouettes, se distinguent des visages familiers, figures paternelles, amis de longue date, et d’autres, plus anonymes, croqués sur les bords des routes de Cuba au Mexique en passant par l’Europe. Intriguée par la manière dont les différentes communautés construisent leur foyer, elle compare les métropoles à des « organismes vivants. » Et dans ses visions de papiers, découpées à la main, ajourées comme la dentelle, l’ossature des villes tend à se confondre avec la charpente des hommes.
Son attrait pour l’écosystème urbain remonte à 1999, lorsqu’elle s’installe à New York pour étudier l’art à l’Institut Pratt. « J’étais fascinée par mon nouvel environnement, la ville, confie la quadragénaire. Dès mes premières interventions dans la rue, je me demandais comment mes dessins pouvaient interagir avec l’architecture, et plus j’y songeais, plus la notion d’espace prenait de l’importance. »
Pour rejouer ce contexte, chacune de ses excursions en galerie et musée se traduit par des œuvres en trois dimensions de façon à ce que « le corps puisse se mouvoir comme l’œil se balade à l’intérieur d’une toile. » Ces constructions conçues à partir de matériaux de récupération, fragiles et périssables, font à écho à sa philosophie de vie alternative.
Villes flottantes
Swoon, crinière de cuivre et tempérament d’acier, dégage d’emblée une énergie contagieuse. Aussi colossale que les projets artistiques et communautaires qu’elle a mis à flot. Elle a notamment marqué les esprits en construisant, avec les artivistes du collectif Toyshop, sept radeaux qui ont remonté le Mississipi (Miss Rockaway Armada, 2006), navigué sur l’Hudson (Swimming Cities of Switchback Sea, 2008), allant jusqu’à franchir la mer Adriatique depuis la Slovénie pour accoster à la Biennale de Venise où elle était invitée en 2009 (Swimming cities of Serenissima). Une flottille de bric et de broc, à mi-chemin entre performance et habitat autogéré, dont on retrouve quelques restes dans l’exposition parisienne.
Sans distinguo, elle met à sa créativité au service de différents modes d’expression et d’action. « Vivre sur des bateaux en était un, reconstruire des maisons dévastées en est un autre », assure celle qui a créé sa propre fondation humanitaire en 2015 : Héliotrope, impliquée dans plusieurs chantiers, notamment en Haïti, pour rebâtir un village en associant technique artisanale et moderne, et à Philadelphie, auprès de toxicomanes.“L’art s’apparente à une forme de guérison”
Un environnement qui ne lui est pas étranger. « Mes deux parents étaient accros à l’héroïne, comme beaucoup d’autres membres de ma famille. Malgré ma colère, j’ai fini par comprendre qu’ils cherchaient à faire taire une souffrance enfouie », explique la jeune femme, opposant les bienfaits de la thérapie à la pénalisation du système américain.
On comprend mieux dès lors pourquoi « l’art s’apparente à une forme de guérison », de catharsis. Des grands désastres aux plaies intimes, il y a chez Swoon cette volonté d’endiguer, de rafistoler. D’embellir aussi. Un caractère flower power assumé, issu de l’héritage familial, tout comme son nom civil très woodstockien, Caledonia Dance Curry. Intuitive, elle décrit son processus créatif comme une suite de tâtonnements, largement guidé par le subconscient. Depuis un an, Swoon se consacre exclusivement à la vidéo en stop motion. « Pour le moment, j’ai besoin de solitude, d’obscurité, pour me sentir aussi ingénue qu’un enfant, un non-sachant, afin que quelque chose de nouveau puisse germer. »
A VOIR : Exposition Time Capsule, jusqu’au 22 septembre, centre d’art urbain Fluctuart, Port du Gros Caillou (7e). Entrée gratuite.
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