Volontairement engagé, le duo Murmure explore des thématiques fortes de façon ludique, onirique ou poétique, afin de partager sa vision du monde. L’enfance, les sans-abris, la société de consommation, les nouvelles technologies, ou encore l’environnement et l’impact de l’homme sur la planète, sont leurs sujets de prédilection, qu’ils formulent différemment au gré des supports utilisés : ils se font l’écho pictural des préoccupations de leur génération. Inspiré par Banksy, Pejac, Levalet ou Ernest Pignon-Ernest, Murmure propose une iconographie saisissante par la pertinence de son propos, qui interpelle le spectateur et l’invite à interagir avec les éléments structurels existants. Si chacune des œuvres de Murmure est porteuse d’un message, ce dernier n’en demeure pas moins subtil, laissant le spectateur libre d’interpréter chaque image selon sa sensibilité.
Chacun de leur projet en contexte urbain naît en amont d’une patiente production à l’atelier. Travaillant à quatre mains, Paul et Simon dessinent le plus souvent à la pierre noire. Sa finesse leur permet d’obtenir une intense profondeur dans les noirs, et un rendu particulièrement réaliste. Chaque œuvre est le fruit d’un processus de réflexion commune sur la composition, le sens et sa singularité. C’est d’abord à l’atelier qu’un projet sera étudié et développé (ou écarté), avant qu’il puisse voir le jour dans la rue à travers la réalisation et la reproduction d’un dessin à l’échelle 1. Le projet donnera souvent lieu en parallèle à une déclinaison d’oeuvres destinées à être exposées dans un format pérenne favorisant l’acquisition, par opposition à leurs collages urbains de nature éphémère.
Élargissant leur pratique à la peinture depuis 2021, ils ont enrichi leur travail d’une palette colorée et en conséquent, renforcé la puissance narrative de leurs images. Parmi leurs projets les plus emblématiques de ces dernières années, on retiendra l’utilisation du sac poubelle en plastique noir comme sujet de fond et de forme, métaphore d’une planète défigurée par la consommation de masse, et l’emblème, pour Murmure, de la dégradation écologique. Le duo a réussi le pari de rendre cet objet moderne d’une manière qui évoque la draperie traditionnelle, établissant un lien émouvant entre l’art classique et la réalité actuelle. Associant la pierre noire et le fusain à des touches subtiles et dramatiques de lumière et de couleur, Murmure capture habilement l’essence tragique d’un sujet et les questions qui l’assombrissent. Sur toile, le duo dénonce le paradoxe absurde de situations en lien avec le changement climatique, où la réalité dépasse régulièrement la fiction : une anticipation pessimiste de notre avenir proche qui paraît moins angoissante lorsqu’elle est mise en couleurs, proposant ainsi deux niveaux de lecture au spectateur selon qu’il décide d’interpréter de façon anxiogène ou non, ces baigneurs qui prennent le soleil sur la Banquise.